La VAR en Afrique : progrès ou source de nouvelles polémiques ?

L’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) s’installe progressivement dans le paysage du football africain. Présentée comme une avancée en matière d’équité et de modernisation, elle suscite pourtant des débats nourris sur son efficacité, ses limites et son impact réel.

Adoptée dans plusieurs compétitions majeures sur le continent, la VAR est perçue à la fois comme un outil de justice sportive et une source de crispations. Entre retards technologiques, polémiques persistantes et manque d’harmonisation, le football africain expérimente à sa manière cette innovation mondiale. L’équilibre entre modernisation et adaptation locale reste encore fragile.

La technologie en expansion sur un continent en mutation

Depuis son introduction continentale en 2018 lors de la Supercoupe de la CAF, la VAR a progressivement trouvé sa place dans les grandes compétitions africaines. Le Maroc a été pionnier en l’intégrant à ses compétitions nationales dès 2020, suivi par l’Égypte la même année. La Zambie s’est illustrée comme le premier pays d’Afrique subsaharienne à l’utiliser lors d’une finale de Coupe nationale en 2023.

En Afrique de l’Ouest et centrale, plusieurs pays emboîtent le pas. La Côte d’Ivoire a franchi une étape importante en mai 2025 avec une première utilisation dans sa Ligue 1 locale. Le Nigeria expérimente la technologie depuis 2020, mais son intégration à grande échelle reste à l’étude. Quant au Ghana, malgré une volonté affichée, rien n’est encore fait. La Mauritanie, le Rwanda et l’Afrique du Sud y voient un levier pour renforcer la crédibilité de leurs championnats.

Réduction des erreurs, progression technique des arbitres

L’un des objectifs affichés de la VAR est la réduction des erreurs d’arbitrage. En Afrique comme ailleurs, les décisions polémiques ont souvent entaché le bon déroulement des matchs. Grâce à la VAR, des fautes non vues, des hors-jeu millimétriques ou des penalties discutables peuvent désormais être réexaminés.

En parallèle, l’introduction de cette technologie s’accompagne d’un besoin crucial : former les arbitres. Plusieurs fédérations ont lancé des cycles de formation, avec le soutien de la FIFA, pour familiariser leurs officiels aux standards requis. Cela contribue à professionnaliser l’arbitrage africain, souvent critiqué pour son manque de rigueur.

Un outil qui ne dissipe pas toutes les zones d’ombre

Malgré ces avancées, la VAR reste loin de faire l’unanimité. Plusieurs incidents récents montrent ses limites. En Ligue des champions africaine, la panne survenue en finale 2019 entre l’Espérance de Tunis et le Wydad Casablanca a laissé une trace durable dans les mémoires. Ligue des champions africaine, des décisions discutables ont alimenté les critiques, comme le penalty contesté accordé à Al Ahly face au Raja Casablanca.

Les critiques pointent également un manque d’uniformité. Tous les stades et fédérations ne disposent pas de moyens suffisants pour installer cette technologie coûteuse. Cette disparité crée un déséquilibre, notamment lors des compétitions continentales où certains joueurs passent d’un environnement avec VAR à un autre sans.

Une acceptation encore incomplète

Le public africain reste partagé. Si certains saluent une avancée vers plus de justice, d’autres déplorent les longues interruptions, le manque de clarté dans les décisions et une perte de spontanéité du jeu. Le déficit de communication autour des décisions VAR accentue le scepticisme, faute d’explications claires fournies aux supporters dans les stades ou devant les écrans. La question de l’accès reste aussi sensible. À l’heure actuelle, seuls quelques pays peuvent se permettre un déploiement à grande échelle. Le risque d’un football à deux vitesses, entre ligues “connectées” et autres délaissées, est bien réel.

La VAR constitue indéniablement un pas en avant pour le football africain. Elle symbolise un désir de se hisser aux standards internationaux. Mais son efficacité dépendra de l’homogénéité de sa mise en œuvre, de la formation des acteurs et de la transparence dans son utilisation. Dans un continent où les moyens varient fortement, son intégration doit s’accompagner de réflexion, d’investissement et de pédagogie. Ce n’est qu’à cette condition que la VAR deviendra un véritable outil au service du jeu, et non une nouvelle source de crispations.

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