À l’aube d’un nouveau cycle, le Raja Casablanca confie sa destinée à Jawad Ziyat

En pleine transformation juridique et institutionnelle, le club a tourné une page de son histoire le lundi 7 juillet 2025, organisant une double assemblée générale, ordinaire et extraordinaire , pour procéder à un changement de cap. À cette occasion, les adhérents ont approuvé à l’unanimité la création de la société sportive « RAJA SA », conformément à la loi 30-09, qui met fin au statut associatif classique. Ce nouveau cadre vise à professionnaliser la gestion du club. Quelques minutes plus tard, un scrutin s’est tenu pour désigner le nouveau président appelé à prendre les rênes du club. Trois candidats étaient en lice, Jawad Ziyat, Saïd Hasbane et Abdellah Birouaine, président par intérim. Le premier tour, très serré (141 bulletins validés sur 143), n’a pas permis de dégager une majorité absolue. Ziyat est arrivé en tête avec 67 voix, suivi de Birouaine (40) et Hasbane (34). Un second tour a alors tranché, où Jawad Ziyat a été élu avec 91 voix contre 43. C’est donc lui qui reprend les rênes du club, cinq ans après son premier mandat, à un moment de transition structurelle et d’exigence accrue.

Gouvernance, litiges, performance…les multiples défis du nouveau mandat

L’élection de Jawad Ziyat ne surprend pas, puisqu’elle résulte d’un travail préparé en coulisses depuis longtemps. Entre 2018 et 2020, il avait dirigé le Raja avec rigueur, laissant l’image d’un homme de dossiers, attentif à l’équilibre financier. Ce style de gestion, salué à l’époque par une partie des supporters, avait coïncidé avec une période faste sur le plan sportif, un triplé historique qui inclut le championnat marocain, la Coupe de la CAF et la Supercoupe d’Afrique. Mais son élan avait été freiné par la crise sanitaire du Covid-19, qui avait profondément affecté l’économie du football marocain. En coulisses, Ziyat n’a jamais rompu avec le club. Membre actif du Conseil consultatif, il a contribué à la réflexion sur la transformation du Raja en société sportive, notamment en lien avec l’investisseur stratégique Marsa Maroc. Sa réélection n’est juste que la continuité d’un projet dont il est l’un des architectes. Sur le plan économique, il prend les commandes d’un club qui semble avoir assainit ses finances, un excédent budgétaire de 46 millions de dirhams a été présenté, pour 125 millions de recettes et 80 millions de dépenses. La masse salariale a été réduite de moitié par rapport à 2021, passant de 90 à 42 millions de dirhams. Autant de signaux positifs qui renforcent la crédibilité de ce nouveau départ.

Mais au-delà des chiffres et de la gouvernance, le nouveau président du Raja hérite également de dossiers sensibles. Parmi eux, le contentieux opposant le club à Al Ain FC et à l’international marocain Soufiane Rahimi attire l’attention. Lors de l’assemblée, le président sortant, Abdellah Birouaine, a révélé que le Raja avait officiellement saisi la FIFA pour cette situation. Le club réclame près de deux millions d’euros pour rupture anticipée de contrat, estimant que le transfert de Rahimi n’a pas respecté les clauses convenues. Une procédure est en cours devant la commission des litiges de la FIFA, et une réponse est attendue prochainement. Sur le plan sportif, Jawad Ziyat devra également composer avec une pression populaire forte. Les supporters, fidèles mais exigeants, attendent non seulement des résultats sur le terrain, mais aussi une gestion transparente, conforme aux standards du nouveau statut juridique. Le passage en société anonyme est une promesse, mais aussi un défi. Ziyat, avec son expérience, son réseau et sa connaissance des rouages internes, apparaît comme l’homme de la situation. Toutefois, le moindre faux pas pourrait coûter cher. Le Raja entame une nouvelle ère où il ne s’agit plus de rêver de grandeur, mais de la bâtir avec méthode.

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