Fiston Mayele et Issifou Dayo au webinaire Carréfoot : être pro en Afrique, entre défis et ambitions

Fiston Mayele et Issifou Dayo ont partagé leurs expériences du football africain lors d’un webinaire organisé par la plateforme Carréfoot. Entre ambitions, réalités du terrain et conseils pour les jeunes, leur témoignage est franc, riche et concret.

Jouer en Afrique est un choix parfois subi, parfois assumé. Mais peut-on y réussir sans passer par l’Europe ? C’est l’une des questions centrales du webinaire Carréfoot. Deux figures du football africain ont pris la parole : Fiston Mayele, attaquant du Pyramids FC en Égypte, et Issifou Dayo, défenseur central de la RS Berkane au Maroc. Tous deux ont exploré les réalités du métier de footballeur professionnel sur le continent : infrastructures, pression, ambitions et perspectives.

Des conditions contrastées selon les pays

Dès le début, Mayele a posé le décor. « Au Congo et en Tanzanie, les conditions ne sont pas si bonnes que ça, contrairement à l’Égypte où tout est bien. » Il avoue qu’il avait des doutes avant de signer au Pyramids FC : « J’étais un peu sceptique sur les conditions à Pyramids, mais après signature, j’ai été satisfait. »

Le rêve européen, toujours présent

« Le rêve de tous les jeunes africains est de jouer en Europe. Tu ne peux pas le nier quand tu es jeune« , affirme Mayele. L’Europe reste une obsession pour beaucoup, parfois au détriment d’opportunités viables sur le continent. Dayo nuance : « L’Europe n’est pas faite pour tout le monde. Quand on a l’opportunité de jouer dans un club africain, il faut donner le meilleur de soi. »

Réussir sans quitter l’Afrique ?

Mayele en est convaincu : « Pour gagner ta vie en Afrique, tu dois être vraiment performant, jouer la Ligue des champions. Si tu es concentré, tu peux t’en sortir. » Il cite les clubs qui structurent aujourd’hui les meilleures opportunités du continent : Pyramids, WAC, Orlando Pirates, Mamelodi Sundowns… « J’encourage les jeunes à croire que c’est possible. »

Le Congo, la Tanzanie, puis l’Égypte

Mayele revient sur ses débuts : « Ma première saison au Congo avec l’AS Vita a été compliquée, je n’étais pas encore adapté. La deuxième, j’ai explosé : meilleur buteur, premier du championnat, et j’ai marqué 4 buts en Ligue des champions. » Ces performances lui ouvrent les portes du Simba SC en Tanzanie. Il y découvre un championnat en pleine transformation. « C’est physique, très médiatisé, avec des supporters passionnés. Petit à petit, avec l’arrivée d’étrangers, il y a eu un vrai équilibre entre physique et technique. »

Deux saisons charnières avec Pyramids FC

Mayele décrit un projet structuré : « Le club est bien organisé, il n’y avait pas de problème d’inscription, ni de retard. Mais il manquait la mentalité de la gagne. J’en ai parlé au coach. » Sa première saison est marquée par une intégration difficile : « L’arabe et l’anglais, c’était compliqué. Mais on a gagné la Coupe d’Égypte. J’ai marqué en quart, demi et finale. »

La deuxième saison est celle de la confirmation : « On voulait aller loin en Ligue des champions. L’équipe était en place, on a juste ajouté quelques éléments. On a gagné en championnat, en coupe, et on a atteint les demi-finales continentales. »

Il se souvient du quart contre l’AS FAR : « Au match aller, on gagne 4-1, je mets un doublé en dix minutes. Au retour, on perd 2-0 mais on passe. En demi contre Orlando Pirates, je marque à l’aller mais le but est refusé. Au retour, on savait qu’il fallait gagner sans encaisser. C’était tendu. »

Sur son but décisif en finale contre Sundowns : « Quand tu joues Sundowns, tu n’as pas la possession. On avait étudié leurs points faibles sur les centres. J’ai intercepté une remise défensive et j’ai frappé. Quand j’ai une occasion, je ne rate pas. »

Le renouveau des Léopards de la RDC

« Avec l’arrivée de Sébastien Desabre, l’organisation a changé. Il a ramené une vraie mentalité. C’était notre première CAN ensemble, et on a surpris tout le monde. Ce sera notre deuxième CAN au Maroc. On veut aller plus loin. »

Message aux jeunes du continent

« Ne lâchez pas. Jouer en Afrique, c’est dur. Il faut la volonté, la persévérance. Moi, je n’ai pas été formé dans une école de foot. Mais j’ai toujours été concentré. Aujourd’hui, je suis champion d’Afrique. Au coup de sifflet final, j’ai pleuré. Je pensais à tout ce que j’ai traversé. »

Issifou Dayo : stabilité et engagement

Dayo, formé au centre de l’AS Saint-Étienne au Burkina Faso, a vite compris que les promesses d’Europe étaient illusoires. « Beaucoup de choses promises ne sont jamais arrivées. J’ai commencé en première division burkinabè, puis j’ai rejoint Ouagadougou. Deux saisons plus tard, je suis parti au Congo. Là, j’ai rencontré Florent Ibenge. Il est comme un père pour moi. »

Une autre vision du métier

« Au début, je pensais qu’il fallait aller en Europe pour réussir. Mais non. Il faut juste avoir la tête sur les épaules. L’Afrique offre de vraies possibilités. »

Pourquoi rester à la RS Berkane ?

« Chaque année, le club propose un projet cohérent. Quand tu es impliqué dans le projet, tu restes. »

Un épisode difficile : Burkina vs Algérie

Dayo revient sur un souvenir amer : « Lors de la dernière CAN, contre l’Algérie, on menait et on s’est fait rejoindre en fin de match. Ce nul, je n’arrive toujours pas à le digérer. Il nous a coûté cher. »

Quiz Carréfoot pour Fiston Mayele

  • Quel joueur congolais t’a le plus inspiré ? Shabani Nonda.
  • Coach qui t’a le plus marqué ? Jean Florent Ibenge.
  • Le plus grand club rival que tu as affronté ? Simba SC.
  • Plat favori ? Haricot, pondu madesu, le foufou.
  • Ferre ou Fally ? Fally.
  • Meilleur gardien africain que tu as affronté (en activité) ? El Shenawy Mohamed.
  • Tu préfères marquer le but de la victoire ou marquer le penalty décisif aux TAB après prolongation ? Je préfère le but de la victoire en fin de match.

Quiz Carréfoot pour Issifou Dayo

  • Ancienne gloire burkinabè qui t’a inspiré ? Aboulaye Souleymane.
  • Plus grand rival affronté dans le championnat marocain ? Le Raja Casablanca.
  • Coach qui t’a le plus marqué ? Florent Ibenge.
  • Plat favori ? Tchiep.
  • Artiste favori ? Tiken Jah Fakoly.
  • CAN ou finale de CDM et perdre ? Remporter la CAN.

Carréfoot, une plateforme utile

« Je suis fier de ce que fait cette plateforme pour le football africain. Si c’est à refaire, je le referai encore« , dit Dayo. Tous deux saluent une initiative qui met en avant les acteurs du terrain en Afrique.

Le parcours de Mayele et Dayo montre qu’on peut bâtir une carrière solide en Afrique. Les défis sont là, mais les opportunités aussi. Infrastructures en progrès, compétitions valorisées, visibilité croissante : les signaux sont encourageants. À condition de rester exigeant, discipliné, et de croire en son potentiel, sans forcément chercher l’Europe à tout prix.

Laissez un commentaire