
Après 20 mois de détention, Mamoutou Touré revient au cœur du jeu
Après la prison, le pouvoir ? La nouvelle page de Mamoutou Touré
Le mardi 22 avril est une date importante pour le football malien, avec la libération tant attendue de Mamoutou Touré après plus d’un an et demi de détention. Le président de la Fédération malienne de football (Femafoot), a été libéré après avoir passé 622 jours en prison. C’est à la suite d’une décision de mise en liberté provisoire prononcée par la justice malienne que celui qu’on surnomme “Bavieux” a enfin pu sortir de la maison d’arrêt. Âgé de 67 ans, le dirigeant sportif emblématique retrouve sa liberté dans un contexte où, malgré son éloignement prolongé, il n’a jamais perdu le soutien d’une partie du football national. L’annonce de sa libération a provoqué un mélange d’émotions dans tout le pays, entre soulagement pour ses partisans et prudence chez ceux qui attendent encore que la justice suive son cours. Son retour pourrait redessiner les équilibres au sein du cuir rond malien, où son influence reste, à ce jour, bien vivante.
Retour sur une affaire qui a ébranlé l’image d’un dirigeant
L’origine de cette longue détention remonte au début du mois d’août 2023, lorsque Mamoutou Touré est interpellé puis placé en cellule. Il est alors accusé de malversations financières importantes, liées à son ancienne fonction de directeur administratif et financier à l’Assemblée nationale. Les montants évoqués sont considérables : 28 millions de dollars auraient été détournés, une somme équivalente à plus de 24 millions d’euros. Dès le départ, Touré conteste vigoureusement les faits qui lui sont reprochés. Malgré cette affaire judiciaire, il conserve sa position à la tête de la Femafoot et parvient même à être reconduit pour un second mandat depuis sa cellule. Cette situation inédite nourrit la controverse : certains y voient une instrumentalisation politique, d’autres une impunité choquante. Quoi qu’il en soit, cette affaire a plongé l’un des hommes forts du football africain dans la tourmente, et mis en lumière les tensions sous-jacentes au sein des institutions maliennes.
Une stature mondiale affaiblie, mais un ancrage national solide
Au fil des mois, les répercussions de l’affaire dépassent les frontières du Mali. Si Gianni Infantino, président de la FIFA, avait au départ exprimé son appui en mettant l’accent sur l’importance de la présomption d’innocence, cette solidarité s’est peu à peu affaiblie. Le 12 mars 2024, Mamoutou Touré renonce officiellement à ses fonctions au sein du Conseil de la FIFA et du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Ce retrait engendre un net recul de son poids sur la scène internationale. En revanche, au Mali, sa légitimité reste solide auprès de ses alliés. La Femafoot a, à plusieurs reprises, dénoncé ce qu’elle considère comme une campagne de déstabilisation orchestrée par ses opposants. Libéré mais pas encore blanchi, Touré entame désormais un nouveau chapitre, entre espoirs de réhabilitation et enjeux de gouvernance. Le football malien, lui, se retrouve une fois encore au cœur d’un débat bien plus large que le simple terrain de jeu.