
Guinée : pas de trêve pour le Syli National, l’État tourne le dos à son équipe
Une décision gouvernementale qui surprend la nation
Alors que le programme des matchs amicaux était déjà établi, la Guinée a annoncé l’annulation de ses rencontres prévues en juin, contre le Niger (6 ou 7 juin) et la Tunisie (10 juin), à l’occasion de la prochaine trêve internationale FIFA. Un véritable coup de tonnerre a retenti à Conakry. La raison ? Le refus du ministère guinéen des Sports de financer les activités de la sélection nationale. Cette décision a été confirmée par plusieurs médias locaux, dont ConakrySport. Une source gouvernementale a justifié cette prise de position en déclarant : « Il ne sert à rien d’aller gaspiller de l’argent pour la préparation d’une compétition dont on n’est pas en position de force », précisant également que « l’État ne déboursera pas un centime pour la sélection A ». Avant de conclure : « Il est temps que la FEGUIFOOT apprenne à voler de ses propres ailes. » Ce message sans équivoque laisse entrevoir une fracture de plus en plus visible entre les autorités et la fédération guinéenne de football.
Un impact sportif lourd de conséquences
L’annulation de ces deux matchs n’est pas sans conséquence sur la préparation du Syli National. Alors que la Guinée n’a pas réussi à se qualifier pour la CAN 2025, elle est également mal embarquée dans les qualifications pour le Mondial 2026, occupant la cinquième place du groupe G avec un retard de huit points sur l’Algérie, leader, et de cinq points sur le Mozambique, deuxième et virtuellement barragiste. Dans ce contexte, ces deux rencontres amicales auraient été essentielles pour corriger les nombreuses lacunes observées lors des précédentes sorties et conserver un mince espoir de qualification. Désormais, Michel Dussuyer et ses hommes devront affronter, en septembre, la Somalie et l’Algérie sans aucune préparation au mois de juin. L’absence d’échauffement pourrait s’avérer déterminante, voire fatale, dans une campagne déjà très compromise. Cette décision suscite ainsi de vives interrogations au sein de l’opinion publique et du monde sportif guinéen, qui voient leur équipe fanion privée de l’élan nécessaire à une remontée difficile, mais encore mathématiquement possible, dans ces qualifications mondiales.
Priorité au CHAN, malaise autour du Syli National
Pendant que l’équipe A est mise en pause forcée, le ministère des Sports a choisi de réorienter les fonds vers la sélection locale (A’), qualifiée pour le CHAN 2025 qui se déroulera du 2 au 30 août au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Si cette décision affirme une nouvelle priorité nationale, elle crée en parallèle un malaise croissant autour du Syli National, déjà fragilisé par ses récentes performances. Le choix de soutenir la sélection A’ semble logique dans une optique de rentabilité sportive et financière, mais il renforce aussi le sentiment d’abandon ressenti par les supporters et les joueurs de l’équipe première. Privée de ses rendez-vous de juin, privée de soutien institutionnel, la sélection guinéenne traverse un moment de flottement inquiétant. Le climat devient délétère, et cette pause imposée pourrait bien laisser des traces profondes dans le moral des joueurs et la cohésion du groupe. Pendant que les adversaires poursuivent leur préparation, la Guinée, elle, marque un temps d’arrêt, dans un silence pesant et une incertitude grandissante.