Que savoir du stade de Yamoussoukro ?
Jour J-48 du début la CAN 2023 au pays de l’hospitalité. Quarante ans après l’organisation de la CAN 1984, la Côte d’Ivoire sera le prochain hôte de la grande messe du football continental. Du 13 janvier au 11 février, 06 stades répartis dans 5 villes vont vibrer au rythme du cuir rond. Dans notre dossier de ce dimanche, nous allons vous révéler tout sur le stade de Yamoussoukro.
Le stade olympique Charles-Konan-Banny est situé à Yamoussoukro près du lycée scientifique de la capitale ivoirienne. La ville se trouve environ à 248 km de la capitale économique Abidjan. Les installations s’étendent sur une superficie de 24,66 ha avec une capacité de 20 000 places. Sur les plans de l’architecte Baudin Châteauneuf et du maître d’ouvrages SOGEA-SATOM, sa construction avait débuté en 2018. Les travaux ont été achevés le 3 juin 2023. Le joyau a été jugé conforme aux exigences internationales par la CAF. Pour Paulin-Claude Danho (ministre des sports ivoirien du 10 juillet 2018 au 16 octobre 2023) : « Le stade est prêt, beau et fonctionnel. Il a été réalisé dans les règles de l’art ». Il va accueillir les matchs du groupe C, composé du Sénégal, de la Gambie, du Cameroun et de la Guinée.
Quelles sont les caractéristiques techniques du Stade Charles-Konan-Banny ?
Du nom de l’ancien premier ministre ivoirien (2005-2007) et gouverneur en titre de la BCEAO (1994-2005), le stade Charles-Konan-Banny dispose de tribunes couvertes. Il est doté d’une pelouse, 4 terrains d’entrainement, 1 salle de massage, 6 zones de sectorisation, 7 tripodes, 5 infirmeries, 2 vestiaires, 1 salle d’échauffement, 2 ascenseurs, 200 places réservées à la presse, 1 salle presse, 1 piste d’athlétisme en revêtement synthétique, des aires de saut et de lancer, des places réservées aux personnes à mobilité réduite.
L’allure imposante de la charpente est un véritable défi architectural. Selon Jérôme Leloup, responsable d’exploitation de Baudin Châteauneuf : « 1500 tonnes de charpente ont été montées à blanc dans l’atelier d’Alençon en France avant d’être expédiées en conteneurs pour s’assurer que toutes les pièces sont bien fabriquées et bien expédiées ». Ce fut également un défi sécuritaire, compte tenu de la manipulation de très lourdes charges.
Une pelouse sablonneuse non homologuée par la CAF !
Le stade flambant neuf de Yamoussoukro ayant une vue majestueuse depuis l’extérieur, aurait cependant quelques soucis pour la pelouse ; elle serait étonnement sablonneuse. La pelouse serait composée d’un croisement de deux variétés de gazon : le paspalum et le cynodon. Un mélange qui a besoin de sable pour une meilleure stabilité et une bonne aération. Ainsi du sable apparaitrait sur la pelouse rendant la pratique du football difficile et mettant en danger le vie des joueurs qui pourraient s’y blesser.
Le lundi 20 septembre 2021, la CAF a rendu son rapport après une visite d’inspection. Le verdict est sans équivoque. Une non-homologation du stade en vue de la rencontre entre les Eléphants de la Côte d’Ivoire et le Malawi dans le cadre de la 4e journée des éliminatoires du mondial Qatar 2022. Mais depuis tout semble renter dans l’ordre et vraisemblablement tout a été réglé.
Une fuite de capitaux malgré tout
La construction du stade aurait nécessité un investissement de 47 milliards de FCFA selon des informations de sources concordantes. Pour Igor DE TSANGOU, directeur de projet de SOGEA-SATOM plus de 700 ouvriers locaux ont travaillé à l’érection de ce splendide stade. Des ouvriers, qui ont été formés sur place pour se conformer aux normes réglementaires qu’exigent des travaux de cette envergue. Il est indéniable que ceci constitue une bouée d’oxygène pour l’économie locale. Mais l’entreprise citée plus haut, présente dans plus de 20 pays à travers un vaste réseau, bénéficie souvent d’une main-d’œuvre locale moins chère et peu exigeante au regard du taux de chômage très élevé dans ces contrées. N’y a-t-il toujours pas d’entreprises africaines capables de réaliser ces types de travaux ? Aussi, comme on a pu s’en apercevoir à travers une vidéo YouTube, une grande partie des matériaux de construction proviennent de l’extérieur. Comme par exemple dans le cas de la construction de la charpente, où c’est depuis la ville française d’Alençon que sont convoyés les métaux à agencer. Enfin, les grands patrons gagnant des salaires faramineux sont aussi des étrangers. Le chantier de Yamoussoukro n’est pas un cas isolé. C’est une remarque générale dans la construction des enceintes sportives en Afrique. Nous y reviendrons dans un dossier spécial.