
Augustin Senghor sonne la révolte et tire la sonnette d’alarme.
Augustin Senghor brise le silence après sa défaite…
Augustin Senghor, président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) et 1er vice-président sortant de la CAF, n’a obtenu que 13 voix sur 53 lors de l’élection au Conseil de la FIFA. Ce résultat inattendu a sonné comme une douche froide, la perte d’influence du Sénégal au sein des instances africaines du football. Face à ce revers cuisant, Senghor n’a pas gardé le silence. Invité sur la chaîne sénégalaise 2STV, il a livré un témoignage sans fard, s’attaquant frontalement à ce qu’il considère comme une domination grandissante du Maroc sur la scène footballistique africaine, soutenue par une élite bien organisée. Selon lui, cette situation crée un déséquilibre nuisible à l’unité et à la diversité continentale. « À ce niveau-là, il y a une certaine catégorie de dirigeants africains, ceux du monde arabe, il faut dire les choses telles qu’elles sont. Quand on parle du Maroc, du président de la FRMF (Fouzi Lekjaa), je dirais que ce n’est pas le dirigeant qui est fort, mais le Maroc qui a su imposer une position incontournable à la Confédération africaine de football. » Un propos fort, porté par la frustration d’une mise à l’écart, mais aussi par une volonté de rétablir la vérité sur les enjeux de pouvoir qui minent, selon lui, la cohésion de la CAF. Ce coup de gueule fait écho à un malaise plus profond, celui d’un système où les décisions se prennent désormais sans réelle représentativité. Senghor place cet échec personnel dans une perspective continentale, s’érigeant en porte-voix d’un football africain plus juste et inclusif.
Un système sous influence, dénoncé sans détour..
Face aux caméras, Augustin Senghor poursuit ses révélations avec une lucidité implacable, contre un système verrouillé autour de certaines puissances régionales. Il accuse clairement la CAF d’avoir cédé face à la stratégie d’influence marocaine. « La CAF a jeté toutes les fédérations africaines dans les bras du Maroc. Accepter ça, cela ne veut pas dire se soumettre à ça. Il est hors de question que moi je le fasse en tout cas. Ce n’est pas une question d’opportunisme. Cette soumission, ça serait pour entrer à la FIFA ou présider la CAF. » Il refuse ainsi avec fermeté de jouer le jeu des alliances intéressées. Pour lui, cette dynamique compromet gravement l’équité entre les différentes zones géographiques africaines. Sa dénonciation ne s’arrête pas là. Il critique également des pratiques qu’il juge contraires à l’éthique sportive, comme le fait que le Maroc accueille régulièrement des matchs censés se dérouler chez ses adversaires. « Quand on voit le Niger qui accueille le Maroc au Maroc, oui, ça me pose problème. Le fait de prendre en charge l’équipe adverse pose un problème d’éthique. Il faut qu’on réfléchisse à comment régler ça. » Senghor, en homme politique aguerri et amoureux du football, refuse de cautionner un système où la compétition est biaisée dès le départ. Son intervention directe et inhabituelle soulève une question fondamentale : jusqu’à quand le football africain accepterait-il de fonctionner au bénéfice de quelques-uns, au détriment de l’unité et de la justice pour tous ?
Senghor appelle à repenser la gouvernance du football africain..
La sortie médiatique d’Augustin Senghor ne se limite pas à une dénonciation : elle est aussi un appel à la conscience collective, notamment celle des décideurs politiques africains. Le président de la FSF déplore une gouvernance de la CAF qui, selon lui, a trahi les idéaux fondateurs d’unité et de diversité. « J’ai échangé par message avec Patrice Motsepe. Je lui ai demandé, en regardant ceux qui étaient élus (au sein de la CAF), si c’était vraiment l’égalité et l’équilibre prônés et recherchés par nos ancêtres, c’est-à-dire les premiers présidents, les chefs d’État, jusqu’à Mandela. » L’ancien maire de Gorée déplore une concentration du pouvoir entre les mains d’une seule région, tant sur le plan géographique que linguistique, au mépris de la richesse et de la diversité du continent…Il ajoute, sans ironie : « En plaisantant, je disais à quelqu’un : ‘J’ai l’impression qu’on parle plus de la Coupe arabe de la FIFA plutôt que des compétitions africaines, alors que Dieu sait qu’on a des problèmes. », Une sentence forte, symptomatique de sa profonde déception « Il n’y a plus de diversité. On peut douter de l’existence de cette démocratie. Il est intolérable que ces 10% de l’Afrique représentent à la FIFA 90% du reste du continent. Ce n’est pas acceptable ! » Enfin, Senghor en appelle à l’intervention des États : « Nos chefs d’États ont un rôle à jouer. On souhaite que les intérêts occidentaux soient moins présents pour continuer à assurer notre souveraineté en Afrique, ça passe par ça aussi ! » Son cri ne vise pas seulement le football, mais l’âme même de la gouvernance africaine.