Le journalisme sportif africain face à la subordination : Yoro Mangara dénonce un manque de respect persistant

Le 8e webinaire de Carréfoot, consacré au thème « FÉDÉRATIONS ET MÉDIAS : REGARDS CROISÉS SUR LE FOOTBALL AFRICAIN », a été marqué par des échanges francs et sans détour. Parmi les intervenants de renom, le journaliste indépendant Yoro Mangara, également consultant pour la BBC et RFI, a posé un regard lucide et sans complaisance sur la relation entre les journalistes africains et les acteurs du football du continent. Selon lui, cette relation souffre d’un déséquilibre profond, souvent basé sur un rapport déséquilibré. « Le plus gros problème du journaliste africain face aux dirigeants du football africain, c’est la subordination. Les journalistes africains ne savent pas et ne se font pas respecter. » Ces propos, directs et assumés, ouvrent un débat important sur la place et le rôle du journaliste sportif dans un écosystème encore miné par les rapports de dépendance et l’absence de reconnaissance institutionnelle.

La perte de crédibilité du journaliste africain face au pouvoir sportif..

Au cours de son intervention, Yoro Mangara est revenu avec insistance sur les raisons profondes du manque de respect à l’endroit des journalistes africains. Il a dénoncé une forme de compromission qui affaiblit la crédibilité de la profession, « Parce que souvent, c’est le fait de vouloir des aides de leur part quand vous avez des problèmes à résoudre, de solliciter ces acteurs du football en général (joueurs, arbitres, dirigeants etc.) qui crée une relation de dépendance…Et tant que ce rapport là existera avec eux, jamais ils ne vous respecteront ni ne vous accorderont de crédibilité. » Ce lien malsain, où le journaliste devient demandeur de faveurs ou de soutien, contribue à établir une hiérarchie déséquilibrée. Au lieu d’être un contre-pouvoir ou un relais critique, il devient dépendant. Une situation qui décrédibilise l’ensemble du corps médiatique, aux yeux même de ceux qu’ils sont censés observer avec exigence et professionnalisme.

L’un des constats les plus frappants également soulevés par Yoro Mangara lors du webinaire, est la différence de traitement entre journalistes africains et occidentaux. « Face à un journaliste occidental, ils se montrent souvent plus à l’aise pour échanger, accorder des interviews, bien plus qu’ils ne le font avec les journalistes africains » Pour lui, cette inégalité de considération n’est pas anodine. Elle est le reflet d’une perception biaisée, mais aussi d’un comportement collectif à corriger. « Car les journalistes africains, eux, entretiennent des rapports avec ces acteurs uniquement pour exposer leurs problèmes personnels ou obtenir des gadgets (maillots, ballons, etc.). » Pour lui, « Si nous voulons qu’ils aient du respect pour les journalistes africains, il faut que nous arrêtions de tendre la main… On se positionne toujours en victimes, et c’est une mauvaise chose. Eux, comme ils ont compris cela, non seulement ils ne respectent pas ceux qui tendent la main, mais en plus, ils mettent tout le monde dans le même sac. » À travers son message il a lancé un appel fort à la dignité professionnelle, et à un sursaut collectif salutaire pour plus de respect envers les journalistes africains.

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