Pourquoi les binationaux hésitent encore à rejoindre le nid des Éperviers ?

Le football togolais traverse une période de transition délicate. Absent de la Coupe d’Afrique des Nations depuis 2017 et orphelin de ses anciennes gloires, le Togo veut miser sur les binationaux évoluant en Europe pour redonner un souffle aux Éperviers.

Serge Akakpo, ex-international et manager général de l’équipe, pilote cette opération séduction. Mais malgré des avancées, beaucoup de joueurs hésitent encore à franchir le pas, comme il l’a expliqué dans une interview avec la FTF.

Des approches prometteuses, mais des revirements inattendus

Le manager a détaillé ses efforts pour convaincre ces talents. Emanuel Emegha, approché dès son passage à Sturm Graz, semblait prêt à rejoindre les Éperviers après une rencontre à Strasbourg en 2023. Pourtant, son agent l’a poussé vers les Pays-Bas, freinant le projet. Faride Alidou, après des discussions et une rencontre avec ses parents en Allemagne en février 2024, avait donné son feu vert pour mars, avant de se rétracter pour se concentrer sur son club, en difficulté en Bundesliga.

Le cas de Lilian Brassier

En France, le cas de Lilian Brassier illustre ces hésitations. Contacté pendant 18 mois, il a rencontré Akakpo et le président de la FTF en 2023, obtenant même un passeport togolais. Mais au dernier moment, des conditions jugées « inacceptables » ont fait capoter sa venue.

Lilian Brassier a été contacté pendant 18 mois avant une première rencontre avec son frère et le président de la FTF en février 2023. Une rencontre personnelle a suivi, et le joueur a accepté de rejoindre l’équipe, allant jusqu’à déposer son passeport togolais à l’ambassade. Cependant, à la dernière minute, il a posé des conditions inacceptables et a décliné la convocation. Marvin Senaya et Lorenz Assignon ont été approchés, mais ont préféré attendre de gagner en expérience professionnelle avant de rejoindre l’équipe nationale”, révèle l’ancien international togolais.

Marvin Senaya et Lorenz Assignon, eux, préfèrent temporiser, attendant de s’aguerrir en club avant de s’engager. Ces choix reflètent une prudence face à un projet togolais encore fragile.

D’autres binationaux hésitent encore

D’autres joueurs illustrent ces difficultés. Dikeni Salifou, qui avait dit oui en 2022, a été freiné par des blessures avant de jouer des amicaux en mars 2024. Des soucis administratifs bloquent encore sa participation officielle. Wisdom Amey, convaincu en 2023, a finalement opté pour l’Italie.

Roggerio Nyakossi reste en contact depuis trois ans sans concrétiser, tandis qu’Omar Traoré, qui a donné un accord de principe en octobre 2023, attend de s’installer en Bundesliga pour finaliser son engagement.

Pourquoi tant d’hésitations ?

Plusieurs facteurs expliquent ces réticences. Le Togo, 119e au classement FIFA, manque de résultats probants pour séduire des joueurs courtisés par des nations plus compétitives comme les Pays-Bas ou l’Italie. Les agents, souvent influents, privilégient des sélections européennes pour booster la visibilité et la valeur marchande de leurs protégés.

À cela s’ajoutent des considérations personnelles : certains, comme Alidou ou Brassier, préfèrent sécuriser leur carrière en club avant de s’investir dans un projet incertain. Les problèmes administratifs, récurrents au Togo, n’aident pas non plus.

Serge Akakpo ne baisse pas les bras. Les Éperviers ont besoin de ces binationaux pour combler le vide laissé par une génération vieillissante. Cependant, la route reste semée d’embûches.

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