
Décès de Razak Omotoyossi : le Zamalek SC doit-il de l’argent à la légende béninoise ?
Le décès de Razak Omotoyossi, le 19 août 2025 à l’âge de 39 ans, a endeuillé le Bénin et le football africain. Surnommé « Omogoal », l’ancien attaquant des Écureuils, deuxième meilleur buteur de l’histoire de sa sélection avec 21 buts en 55 sélections, était une icône. Mais derrière son héritage glorieux se cache une injustice. Jusqu’à sa mort, le Taureau de Pobè n’a jamais reçu la totalité de son salaire promis au Zamalek SC, club égyptien où il a évolué de 2011 à 2013.
Une dette qui hante même après le décès de Razak Omotoyossi
En septembre 2011, Omotoyossi signe un contrat de trois ans avec le Zamalek SC, attiré par la promesse d’un salaire attractif. Mais dès 2012, les paiements s’arrêtent. « Il disait souvent qu’il avait son argent là-bas », selon le journaliste et reporter sportif Ablam Gnamessou sur son compte Facebook.
« Il en parlait avec colère, surtout à sa femme. Zamalek lui devait beaucoup, mais il n’a jamais été payé intégralement », apprend-on. En 2013, lassé par ces impayés, il résilie son contrat après 22 matchs et 4 buts. Jusqu’à sa mort, Omotoyossi espérait récupérer son dû, en vain.
Avant son décès, il espérait toujours encaisser le reste de ses salaires impayés, lançant des appels à maintes reprises. Selon Bénin Football, cet espoir était lié à des difficultés personnelles aggravées par un incendie de sa maison en juillet 2025 et le décès de sa sœur. Ces épreuves, combinées à l’injustice financière, auraient contribué à sa dépression, bien que les causes exactes de sa mort restent inconnues.
Zamalek, symbole d’un problème plus large
Le Zamalek SC est tristement célèbre pour ses déboires financiers. En 2023, la FIFA l’a condamné à payer 1,8 million de dollars à l’attaquant sénégalais Ibrahima Ndiaye pour des salaires impayés, un cas similaire à celui d’Omotoyossi.
Ce problème dépasse le Zamalek. « Les clubs nord-africains, surtout en Égypte, sont souvent dans cette situation, » explique la source de Carréfoot. « Les joueurs signent avec de grandes promesses, mais les paiements traînent. » Des clubs tunisiens et algériens sont également cités dans des affaires similaires, mettant en danger la carrière et la stabilité financière des joueurs africains.
Les abus des clubs nord-africains dénoncés par Bancé
Le cas d’Omotoyossi n’est pas isolé. En 2018, l’attaquant burkinabè Aristide Bancé, alors à Al-Masry, avait dénoncé les traitements indignes infligés aux joueurs subsahariens en Afrique du Nord. Dans une vidéo publiée sur Facebook, il s’en prenait aux clubs égyptiens, tunisiens et marocains : « Nous sommes traités comme des esclaves. »
Bancé relatait le cas d’un coéquipier dont le passeport avait été confisqué et les salaires falsifiés, avec le soutien de la fédération égyptienne. « Les joueurs étrangers n’ont pas de carte de séjour, juste des visas temporaires. S’ils expirent, les clubs les abandonnent, » avait-il accusé, liant ces abus à l’échec de l’Égypte au Mondial 2018. Ces pratiques, incluant amendes et abandons, reflètent une exploitation systémique que subissent des joueurs comme Omotoyossi, piégés par des promesses non tenues.
Malgré ces injustices, Omotoyossi reste une légende. Né à Lagos en 1985, il choisit le Bénin en 2005 après une suspension controversée au Nigéria. Sa carrière internationale est marquée par un quadruplé contre le Togo (4-1) en qualifications pour la CAN 2008. En Europe, il brille à Helsingborg et à Metz, où les fans pleurent « un guerrier ». Ses passages à Sheriff Tiraspol et Al-Nassr ont consolidé sa réputation d’attaquant redoutable.