
le malaise d’Éric Chelle, une scène plus grave qu’elle ne paraît
Parmi les images les plus marquantes de la CAN 2023, celle d’Éric Chelle, alors sélectionneur du Mali, assis au bord du terrain, le regard perdu, un membre de son staff lui versant de l’eau sur la tête, a bouleversé bien au-delà des frontières. Ce quart de finale face à la Côte d’Ivoire, dramatique dans son scénario, a laissé une empreinte indélébile et une incompréhension longtemps nourrie par les réseaux sociaux.
Une scène virale, un surnom inattendu
Très vite, la vidéo de Chelle, visiblement abattu, a circulé sur toutes les plateformes. Le geste d’un assistant l’aspergeant d’eau a été interprété comme un simple réconfort après une défaite cruelle face au pays hôte. De cette image, le surnom de “Water Man” est né, teinté d’ironie et d’empathie. Mais derrière cette image devenue virale se cachait une réalité bien plus grave.
Une opération cardiaque passée sous silence
Présent à Zanzibar dans le cadre du CHAN 2025, Éric Chelle a accepté de lever le voile sur cet épisode lors d’un échange avec un journaliste nigérian. Ses mots résonnent comme une preuve de sagesse. « Tout le monde m’appelle ‘Water Man’ à cause de ce match, mais connaissez-vous l’histoire derrière cela ? », interroge l’ex sélectionneur du Mali.
Quelques semaines avant le tournoi, le technicien franco-malien avait subi une opération cardiaque en France. Une intervention lourde, qui l’avait laissé dans un état de fragilité physique. Ce soir-là, à Yamoussoukro, sous la pression extrême d’un match à couper le souffle, son corps a lâché. Montée de tension, malaise, perte de repères : l’eau versée sur sa tête n’était pas un geste symbolique, mais une tentative de réanimation. « Avant le tournoi, j’ai été opéré pour un problème cardiaque. C’est à cause de ça qu’ils m’ont aspergé d’eau », confie-t-il.
Le poids invisible du banc
Ce moment, capturé par les caméras, rappelle à quel point le métier d’entraîneur peut être éprouvant. Derrière les choix tactiques, les conférences de presse et les regards braqués sur le banc, il y a des hommes, parfois au bord de la rupture. Pour Chelle, cet épisode a été une alerte, un signal que le corps ne ment jamais. Dans une compétition aussi intense que la CAN, où chaque décision peut faire basculer le destin d’une nation, la pression est constante, parfois écrasante. Et elle ne se mesure pas uniquement en fatigue ou en stress. Elle peut devenir une menace réelle pour la santé. Aujourd’hui, Éric Chelle a tourné la page. Devenu sélectionneur du Nigéria, il aborde son métier avec une conscience nouvelle. Cette expérience douloureuse lui a appris à mieux gérer la charge émotionnelle, à écouter son corps, à préserver son équilibre.