
Linafoot : entre retards, désorganisation et pression du calendrier, une saison encore sacrifiée..
Une nouvelle saison interrompue : l’échec d’une planification sportive
La Ligue 1 congolaise connaîtra une fois de plus une fin prématurée. Le championnat de la République Démocratique du Congo, censé s’étendre jusqu’au 22 juillet selon le calendrier de la phase retour des playoffs, va s’arrêter avant terme. En cause, un manque de temps pour respecter la date limite du 30 juin imposée par la Confédération Africaine de Football (CAF) pour l’enregistrement des clubs aux compétitions interclubs. La Fédération congolaise de football (FECOFA) a, en effet, informé la LINAFOOT qu’elle ne disposait d’« aucune raison valable pour solliciter une dérogation à la CAF ». Une position ferme, résumée par les mots du secrétaire général de la FECOFA, Innocent Kibundulu : « Tout le monde savait que la saison sportive en RDC se termine le 31 mai, pourquoi n’avoir pas organisé les choses de façon à terminer le championnat dans le délai ? Nous n’allons pas solliciter de dérogation à la CAF car il n’y a aucune raison valable pour nous l’accorder. Le 30 juin, tout prend fin. » Une déclaration qui révèle un profond malaise dans l’organisation du football national, où les saisons peinent à aller à leur terme, entre crises sanitaires, problèmes financiers ou, comme cette année, gestion hasardeuse du temps.
Un enchaînement de retards et responsabilités partagées : Le football congolais à bout de souffle
Ce retard dans la tenue des matchs n’est pas sans explication. Si la saison aurait dû s’achever le 31 mai, elle a été lourdement perturbée entre janvier et février par un arrêt de presque deux mois. La cause ? Le maintien d’un stage des Léopards A’ dans le Golfe, alors même que le CHAN avait été reporté pour août. Ce choix stratégique est largement critiqué. L’analyste Richard Kabeya dénonce une responsabilité partagée : « Les responsabilités sont partagées. Autant la LINAFOOT est coupable sur ce retard, autant la FECOFA l’est aussi. Pourquoi avoir maintenu le stage des Léopards sachant que plusieurs joueurs qui étaient présents en février n’allaient pas être présents en août ? La FECOFA doit s’assumer. » Mais pour Innocent Kibundulu, ce stage n’explique pas entièrement les lenteurs du championnat : « Vous parlez de ce stage alors que pendant le mois de décembre 2024, plusieurs clubs avaient passé 3 à 4 semaines sans jouer le moindre match. Est-ce la faute du stage ? Le temps n’est pas aux indexations, il faut plutôt réfléchir sur la meilleure formule à proposer pour régler le problème. » Ce dialogue à distance reflète un système désorganisé où personne ne semble en mesure de prendre des responsabilités clairement.
La nécessité d’un changement structurel urgent…
L’arrêt précoce du championnat devient une habitude en RDC, et l’incapacité à respecter les calendriers menace la crédibilité du football national. Alors même qu’une dérogation de 30 jours a été accordée par le ministre des Sports pour organiser la Coupe du Congo, rien n’a été entrepris pour prolonger le championnat. Selon plusieurs observateurs, cette période pouvait permettre d’achever les deux phases de playoffs. La LINAFOOT, malgré les circonstances, espère terminer au moins la manche aller et faire jouer un nombre égal de matchs lors de la manche retour, pour établir un classement crédible et sacrer un champion. Mais la frustration est palpable dans le monde sportif. Simon Valdo Yamba, analyste, tire la sonnette d’alarme : « Jusqu’à quand allons-nous continuer à toujours solliciter des dérogations ? On sait tous que la saison sportive prend fin 31 mai, pourquoi n’organisons-nous pas très bien les choses ? Et là il n’y a pas moyen de sanctionner les coupables car il n’y a pas de Comité élu, il faut que les élections se fassent à tous les niveaux pour que les gens aient des comptes à rendre. » À défaut de changement profond, le football congolais risque de s’enliser dans un cycle d’improvisation et de médiocrité.