
Jean N’Guessan : un retour au pays virant au cauchemar
Pour de nombreux footballeurs professionnels, la trêve estivale rime avec détente, chaleur familiale et retour aux sources. C’est l’occasion de revoir les amis de toujours, de sillonner les quartiers qui les ont vus grandir et, pour un temps, d’échapper à la pression des terrains. Mais pour certains, le rêve peut rapidement se muer en cauchemar. C’est précisément ce qu’a vécu Jean N’Guessan, jeune milieu de terrain ivoirien de 22 ans évoluant à Al-Wasl, aux Émirats arabes unis. Son passage à Abidjan a été marqué par une expérience troublante qu’il a lui-même partagée sur ses réseaux sociaux : une tentative présumée d’empoisonnement. Ce témoignage, glaçant et sincère, relance le débat sur les dangers latents auxquels sont confrontés les joueurs africains, même dans leur propre pays, là où la réussite sportive peut parfois attiser jalousie, méfiance et malveillance.
Une simple poignée de main, un poison invisible
Tout a commencé par un incident de vandalisme. Jean N’Guessan raconte : « Il y a deux jours, j’étais allé jouer à Yopougon. Après le match, une personne a cassé la vitre de ma voiture avec une pierre et a gratté la carrosserie avec un objet. J’ai préféré ignorer. » Mais le pire était encore à venir. «Hier soir, j’étais sorti manger. J’ai salué plusieurs personnes. Il y a un individu qui a mis quelque chose dans sa main pour me saluer. Vu qu’il y avait beaucoup de monde, j’ai aspiré la chose sans le vouloir. », poursuit-il.
Dans les heures qui ont suivi, son état de santé s’est soudainement dégradé. « Toute la nuit, je n’ai fait que saigner. On m’a dit que j’ai dû aspirer quelque chose de mauvais ». En quelques mots, le joueur livre un récit aussi brut que bouleversant. Rien ne laissait présager qu’un simple salut dans la rue se transformerait en expérience traumatisante, aux conséquences potentiellement tragiques.
De Yopougon à la peur, un appel à la vigilance
Touché mais pas abattu, Jean N’Guessan tire les leçons de cet épisode et adresse un message direct à ceux qui partagent son quotidien de sportif : « Je m’adresse à mes amis footballeurs : vivons pour notre famille, sinon on risque de se faire avoir. À partir d’aujourd’hui, ma porte est définitivement fermée. » Son message résonne bien au-delà de son cercle personnel. Il rappelle cruellement d’autres drames survenus dans le monde du football africain. En janvier 2022, Anicet Oussou Konan perdait la vie dans des conditions suspectes, lui aussi à Yopougon.
Malveillance, jalousie, croyances occultes : ces menaces invisibles planent encore sur de nombreux footballeurs africains, victimes parfois d’un succès devenu fardeau. Derrière les lumières des stades et les ovations, se cache une autre réalité, plus silencieuse, plus sourde, mais tout aussi urgente à dénoncer. Le témoignage de N’Guessan n’est pas qu’un cri personnel. C’est un signal lancé à tous : instances sportives, familles, coéquipiers, supporteurs. La vigilance n’est pas un luxe. Pour beaucoup, elle est une question de survie.