Construire un écosystème sportif africain solide : l’appel à l’action de Jacques Okoumassoun

Le développement du sport en Afrique ne peut se faire sans une réflexion profonde sur ses fondations. Lors d’un webinaire organisé par Carréfoot le 12 mai 2025, le consultant béninois Jacques Okoumassoun a livré une analyse percutante sur les dysfonctionnements structurels du football africain. Entre constats lucides et propositions concrètes, il a appelé à une vraie transformation de l’écosystème.

Dirigeants trop visibles, joueurs trop oubliés…

Sans détour, lors de son intervention, il a montré un déséquilibre frappant : la notoriété des dirigeants qui dépasse celle des joueurs. En effet, « En Afrique, on connaît plus les dirigeants de clubs que les joueurs. Cela veut dire qu’il y a un véritable problème. Il y a une fausse note qu’il faut corriger dans l’écosystème. » a-t-il laissé entendre. Ce constat amer met en lumière un déficit de valorisation des véritables acteurs du jeu, ceux qui créent le spectacle. Selon lui, cette inversion des rôles nuit à l’attractivité des compétitions locales, éloigne les supporters et freine l’émergence d’un football compétitif à la base. Pire, ce manque de lien entre clubs et public montre qu’un écosystème fort ne peut exister sans visibilité et reconnaissance des talents sur le terrain. C’est pourquoi il estime essentiel que chaque acteur du sport, en particulier les dirigeants de clubs, assume pleinement leurs responsabilités pour bâtir un écosystème solide et attractif.

Clarifier les rôles, un impératif pour structurer durablement

Jacques Okoumassoun insiste sur un autre point important, la surcharge des responsabilités des présidents de fédérations, qui affaiblit tout le système. Il précise clairement que « Ce n’est pas le rôle des présidents de fédérations de football d’assurer l’organisation des équipes nationales, des championnats masculins et féminins de toutes les catégories, des congrès… et en plus de cela, d’aller chercher des supporters. »
Le rôle des présidents doit rester diplomatique, orienté vers la stratégie, les négociations étatiques, la recherche de financements. « Ils doivent se concentrer sur les relations avec l’État, sur les partenariats publics et privés qui viendront injecter des ressources dans le sport. » a-t-il lâché. C’est aux dirigeants de clubs qu’il revient d’attirer le public, de proposer un spectacle de qualité et de construire des institutions solides. La confusion des missions dilue les responsabilités et affaiblit les fondations du sport africain. Une organisation claire, avec chacun à sa place, est indispensable pour avancer.

Construire des clubs forts, la clé d’un écosystème puissant.

Pour que le sport africain se développe durablement, la solution, selon Jacques Okoumassoun, passe par des clubs structurés, compétitifs et attractifs. Car « Tant que le spectacle est beau, il y aura toujours de l’intérêt à suivre les équipes. » Aujourd’hui, les stades sont pleins uniquement lors des matchs de l’équipe nationale. En revanche, les clubs locaux, même engagés dans des compétitions africaines, jouent souvent sans supporters. La raison est simple, « On sait que ces clubs n’iront pas loin dans la compétition. » Ce manque de confiance traduit une faiblesse structurelle. Il faut donc professionnaliser les clubs, renforcer la formation, améliorer le jeu, communiquer efficacement. Un bon football attire naturellement les foules. C’est par la base, en élevant le niveau des clubs, qu’un véritable écosystème pourra émerger, avec des joueurs mis en lumière, des supporters engagés et des institutions solides. Le modèle proposé par Jacques Okoumassoun invite à penser un football africain plus ambitieux, mieux organisé, et ancré dans la réalité des passions locales.

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