Africa Sports, cinq ans d’attente et toujours pas de lumière
Ligue 1 s’éloigne : l’Africa Sports face à son éternel recommencement
Le 11 mai 2025 restera une date amère pour les supporters de l’Africa Sports d’Abidjan. Ce jour-là, le club historique fondé le 27 avril 1947, au palmarès impressionnant de 21 titres de champion de Côte d’Ivoire, 2 Coupes d’Afrique des vainqueurs de coupe et 1 Super Coupe CAF, a vu s’envoler une nouvelle fois son rêve de remontée en Ligue 1. Le choc décisif face à Agboville, comptant pour l’avant-dernière journée du championnat, avait des allures de finale. À l’arrivée, ce sont les hôtes qui se sont imposés 2-1, et font une montée historique parmi l’élite, et laissent les Aiglons à cinq points, un écart devenu mathématiquement insurmontable. Une désillusion de plus pour les Vert et Rouge, qui s’apprêtaient à retrouver leur gloire d’antan. Cette défaite est le symbole d’une série de saisons en demi-teinte depuis leur relégation, et l’Africa Sports s’enfonce un peu plus dans une Ligue 2 qui devient leur prison sportive depuis cinq longues années. À chaque fin de saison, c’est le même scénario douloureux : un dernier espoir envolé, des supporters frustrés, et un rêve qui se brise toujours à la dernière marche. L’attente continue, une année de plus, pour des fans qui ont trop souffert.
La chute continue : un club mythique à bout de souffle
Autrefois fleuron du football ivoirien, l’Africa Sports peine à se reconstruire. Le club, qui incarnait autrefois la fierté nationale et faisait trembler les stades africains, semble aujourd’hui englué dans une spirale d’échecs et de désillusions. Ce nouveau revers contre Agboville a anéanti les derniers espoirs d’un retour dans l’élite. Pourtant, les occasions n’ont pas manqué cette saison. Mais comme trop souvent depuis leur descente, les Aiglons ont craqué dans les moments décisifs. « Cela fait 4 ans que nous sommes en Ligue 2. Pour moi, le président a échoué. Lorsqu’on est dans une société et qu’on n’a pas les arguments nécessaires pour défendre son projet, il y a beaucoup à dire. Les supporters sont découragés, nous sommes tous découragés », s’est exprimé Achille Ouraga, la gorge nouée. Ce cri du cœur témoigne d’un épuisement moral profond parmi les Membres Associés Mobilisés (MAM) et les inconditionnels du club. À chaque match, ils bravent la fatigue, les trajets et les difficultés pour soutenir leur équipe, mais l’amertume est toujours au rendez-vous. « Nous laissons nos familles et bravons toutes les difficultés afin de soutenir notre équipe, dans l’espoir d’avoir le sourire aux lèvres. Mais hélas ! », regrette-t-il. Un dévouement admirable face à une déception qui devient chronique.
Colère, résignation et foi : les voix d’un peuple blessé
La détresse des supporters ne faiblit pas, malgré les années de souffrance. Depuis 1983, Jules Komi suit l’Africa Sports avec passion. Pourtant, il peine aujourd’hui à contenir sa frustration : « C’est la même chose à chaque fin saison. Et nous sommes toujours les témoins de cette mésaventure. Deux personnes ne peuvent pas diriger un club. Nous perdons toujours nos derniers matchs, il y a un problème », dénonce-t-il. Le manque de vision, d’organisation et de sérénité au sein de la direction du club cristallise les colères. Mais au milieu de cette tempête, quelques voix appellent à l’apaisement. Elvis Gouza, autre fidèle supporter, analyse avec plus de retenue : « Les Aiglons ont montré de très bonnes choses. L’arbitrage était correct au départ. Mais on ne sait pas ce qui s’est passé et notre deuxième but a été refusé (Ndlr, affaire de filet déchiré)… » Quant à la question du président Kuyo Téa Narcisse, il tranche : « Je voudrais dire un mot à ceux qui estiment qu’à cause de cet échec, le président Kuyo doit rendre le tablier. Ce n’est pas logique. Il est en fin de mandat, laissons-le terminer. Ça fait mal, c’est vrai. Mais laissons le président terminer son mandat. Je crois fermement qu’on reviendra plus fort l’an prochain ». Entre colère, résignation et espoir, l’Africa Sports vit une période charnière. Le chemin du renouveau sera long, mais l’amour du peuple vert et rouge reste intact.