Accréditations, visas, Yalla… Abdoulaye Thiam révèle le calvaire des journalistes
À douze jours du coup d’envoi, la grande majorité des journalistes africains n’a toujours pas sa lettre d’accréditation CAF en poche. Statut « pending », application Yalla capricieuse, téléphones refusés parce que « pas assez récents »… Le webinaire Carrefoot de ce lundi 8 décembre 2025 a mis les pieds dans le plat : l’organisation médiatique de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) Maroc 2025 est en train de virer au cauchemar.
Pendant plus d’une heure, les invités de ce 30ème webinaire modéré par Stéphane Ahoa et Nadège Barro, Abdoulaye Thiam, président de l’AIPS-Afrique (Branche africaine de l’Association Internationale de la Presse Sportive) et de l’ANPS Sénégal (Association Nationale de la Presse Sportive au Sénégal), et Boubacar D. Sarr, journaliste au quotidien malien Les Échos, ont vidé leur sac sur la situation actuelle que vivent les journalistes désireux de couvrir la CAN au Maroc.
L’organisation médiatique de la CAN 2025, un véritable casse-tête
La couverture médiatique de la CAN Maroc 2025 est en train de virer au casse-tête XXL. Selon Abdoulaye Thiam, des centaines de journalistes, surtout africains, n’ont toujours pas reçu leur lettre d’accréditation officielle de la CAF. Sans ce sésame, impossible de finaliser la carte « Fan/Yalla », obligatoire pour obtenir le visa électronique gratuit et même pour accéder aux stades et zones presse.
« Nous sommes le 8 décembre et il y a encore énormément de journalistes en mode “pending”. Certains sont approuvés mais n’ont toujours pas la lettre officielle. Sans cette lettre, la carte Yalla ne se finalise pas, et sans Yalla, pas de visa électronique ni d’embarquement pour certains pays. Nous travaillons jour et nuit avec la direction communication de la CAF, mais le temps presse vraiment », a-t-il déclaré.
« On n’est pas des supporters ! »
Le processus, pourtant présenté comme 100 % numérique et simplifié, accumule les couacs : demandes bloquées en statut « pending » depuis des semaines, application Yalla qui refuse les téléphones un peu anciens. Certains reporters se retrouvent même dans l’obligation d’acheter un nouveau smartphone dernier cri juste pour pouvoir télécharger l’appli, révèle notre invité.
« On a alerté le président Motsepe par courrier dès qu’on a vu arriver cette carte. Mettre les journalistes dans le même panier que les supporters, je ne comprends pas. On n’est pas venus en touristes ! Au Cameroun, visa de six mois à l’arrivée. En Côte d’Ivoire, un an avec juste le carnet de vaccination. Là, on nous complique la vie alors qu’on est là pour promouvoir la compétition », poursuit le président de l’AIPS-Afrique.
Boubacar D. Sarr renchérit : « Le système Yalla est totalement différent de la carte Hayya du Qatar ou de ce qu’on a connu avant. Il y a un vrai problème d’efficacité. On fait ce métier par passion, pour informer nos lecteurs et auditeurs, pas pour galérer avec une application qui bugge.»
Le Maroc n’a pas le droit à l’erreur
Les deux invités l’ont répété : après la CAN « triple XL » réussie par la Côte d’Ivoire en 2024, le Maroc, pays « le plus africain du Maghreb » selon Thiam, se doit d’offrir une organisation irréprochable.
« La Côte d’Ivoire a mis la barre très haut. Le Maroc n’a pas le droit de faire moins », conclut le président de l’AIPS-Afrique.
À J-12, le message est clair : CAF et comité d’organisation marocaine, débloquez les accréditations, simplifiez Yalla ou dispensez les journalistes de cette carte si elle ne fonctionne pas. Sinon, des centaines de reporters risquent de suivre la CAN… depuis leur salon.