
la page Senghor tournée, Abdoulaye Fall prend le relais
Un changement significatif vient de s’opérer dans le paysage du football sénégalais. Après seize années à la tête de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), Augustin Senghor a été évincé dès le premier tour de l’élection présidentielle, tenue ce week-end du 2 au 3 août 2025 au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio. En poste depuis 2009, l’homme fort du football sénégalais, artisan du sacre à la CAN 2021 et de deux participations consécutives à la Coupe du monde (2018 et 2022), quitte la scène sans avoir pu défendre sa candidature au second tour. Ce départ inattendu est la fin d’une ère et le début d’un nouveau chapitre pour le football sénégalais.
Une bataille électorale intense au dénouement spectaculaire
Dès les premières heures de l’assemblée, les tensions se sont fait sentir au CICAD. Contestations, altercations verbales et désaccords sur les modalités du vote ont rythmé une assemblée générale transformée en marathon. La gendarmerie nationale a même dû sécuriser le site pour assurer la tenue du scrutin. Résultat des courses, plus de vingt heures de débats, jusqu’à la proclamation des résultats au petit matin du dimanche 3 août. Au premier tour, Abdoulaye Fall, président de Bambey FC, surgit comme une force de rupture avec 301 voix sur 461, reléguant Mady Touré (116 voix) et Augustin Senghor (92 voix) très loin. Les candidatures d’Oumar Ndiaye (1 voix) et Aliou Goloko (0 voix), quasi nul ont eu une portée limitée. Augustin Senghor, déjà recalé en mars dernier au Conseil de la FIFA, essuie cette fois une chute brutale dans un scrutin à l’allure d’une sanction.
Mady Touré dénonce des irrégularités et engage une procédure judiciaire.
Mais cette élection n’a rien d’un long fleuve tranquille. À peine les résultats du premier tour annoncés, Mady Touré, patron de Génération Foot, dénonce publiquement « des cas avérés de corruption » et accuse certains délégués électeurs d’avoir été achetés. Face à ce qu’il considère comme une fraude, Mady Touré a introduit un recours en justice. L’affaire est désormais entre les mains des juridictions compétentes, et les prochains jours pourraient être décisifs pour la validation définitive du scrutin. Une situation explosive qui jette une ombre sur le processus électoral, pourtant attendu comme un moment de renouveau.
Abdoulaye Fall, l’homme venu de l’ombre pour s’imposer au sommet
Malgré le recours de Mady Touré en cours, le deuxième tour a été maintenu. Abdoulaye Fall, fort de son avance, s’est imposé avec 322 voix, loin devant Mady Touré qui en a obtenu 30, tandis que 16 bulletins ont été déclarés nuls. Une victoire nette et sans appel pour ce dirigeant local perçu comme l’homme du changement. À peine élu, il a lancé un appel à « l’unité » et à « la responsabilité collective », dans l’espoir d’apaiser les tensions et de rassembler autour d’un projet fédérateur. Ce couronnement politique vient clore un week-end tendu et inaugure une nouvelle ère pour la FSF, même si l’ombre du contentieux judiciaire plane toujours sur cette transition.