Mulumbu salue la maturité et la cohésion de la nouvelle génération

Ancien capitaine emblématique de la République Démocratique du Congo, Youssouf Mulumbu reste une voix respectée du football africain. Lors d’un entretien accordé à la Confédération Africaine de Football (CAF), il a livré une réflexion sincère sur l’évolution du football congolais, le leadership de Chancel Mbemba et les ambitions des Léopards à l’approche des barrages pour la Coupe du Monde 2026. Désormais écrivain, il allie passion, philosophie et amour du Congo dans tout ce qu’il entreprend.

Une fierté forgée dans la passion du maillot

Né à Bumbu, au sud de Kinshasa, Youssouf Mulumbu a longtemps incarné l’âme et la rigueur de la sélection congolaise. Capitaine lors de la CAN 2015, il demeure profondément marqué par cette épopée achevée sur le podium continental. Son plus grand souvenir reste, dit-il, « notre arrivée à l’aéroport de N’Djili : les sourires, la liesse, cette joie immense du peuple congolais ». Ce moment symbolise pour lui le pouvoir du sport : unir, apaiser, redonner espoir dans un pays traversé par des périodes difficiles. Porter le maillot national fut, selon lui, « plus qu’un amour : une mission de reconstruction ». En rejoignant la sélection, il voulait prouver qu’un joueur professionnel pouvait défendre les couleurs du Congo avec la même passion qu’à ses débuts. Ce sens du devoir, Mulumbu l’a toujours vécu comme une responsabilité collective : celle de redorer le blason d’une nation et d’ouvrir la voie à ceux qui, aujourd’hui encore, rêvent de hisser les Léopards au sommet du football africain et mondial.

D’une génération d’individualités à un collectif soudé

Dix ans après, l’ancien milieu du PSG, de West Bromwich Albion et du Celtic Glasgow observe la nouvelle génération avec une totale admiration. « Notre génération était peut-être plus riche en individualités, mais celle d’aujourd’hui est plus homogène », analyse-t-il. Mulumbu voit dans cette équipe une véritable cohérence de jeu, une discipline défensive et une solidarité exemplaire. « C’est un bloc-équipe, organisé, intelligent », souligne-t-il. Là où ses coéquipiers de 2015 misaient sur l’inspiration de talents comme Trésor Mputu ou Mbokani, les Léopards actuels s’appuient sur une structure collective plus stable. Il salue le travail du sélectionneur Sébastien Desabre, qui a su reconstruire une ossature solide et insuffler un esprit d’équipe renouvelé. À ses yeux, cette continuité dans l’effort traduit la maturité du football congolais, désormais capable de rivaliser à nouveau avec les meilleures sélections africaines. Mulumbu se réjouit aussi de voir des joueurs comme Cédric Bakambu ou Yoane Wissa perpétuer la tradition offensive du Congo, tout en restant fidèles à un style festif et créatif qui fait la singularité du pays.

La clé du succès : le mental et la cohésion

Pour l’ancien capitaine, le plus grand défi des Léopards reste avant tout psychologique. « Le mental ! Il faut se convaincre qu’on est au même niveau que les cadors du continent », insiste-t-il. Mulumbu estime que le groupe actuel possède le potentiel nécessaire pour franchir un palier, à condition de croire pleinement en ses capacités. Il rend hommage au travail du staff technique, notamment pour la solidité défensive retrouvée et l’équilibre tactique affiché lors de la dernière CAN en Côte d’Ivoire. L’équipe, selon lui, a trouvé un juste milieu entre discipline et créativité. « Sur le plan offensif, on a des arguments, mais il faut renforcer l’aspect mental », explique-t-il avec conviction. L’ancien capitaine croit profondément en cette génération, persuadé qu’elle peut viser une place à la Coupe du Monde 2026. « Cette équipe a tout pour écrire une nouvelle page de notre histoire », affirme-t-il, convaincu que la motivation, la rigueur et la foi en l’objectif commun seront les ressorts essentiels de cette nouvelle aventure africaine et mondiale.

Le leadership tranquille de Chancel Mbemba et les défis à venir

Interrogé sur le capitaine actuel, Chancel Mbemba, Youssouf Mulumbu parle avec bienveillance et respect. « Chancel est différent de moi. J’étais un capitaine vocal, expressif. Lui, il parle avec ses actes sur le terrain. » Il salue ce leadership silencieux, tout en lui prodiguant un conseil fraternel pour qu’il puisse « Dialoguer davantage individuellement avec les joueurs, comprendre ce qui les motive ou les freine. Ces détails font souvent la différence. » Pour Mulumbu, le joueur Lillois incarne une nouvelle ère, celle d’une génération plus posée mais tout aussi ambitieuse. Concernant les prochains défis, l’ancien international se montre prudent : « Le Bénin, le Botswana et le Sénégal seront des adversaires redoutables. Il n’y a plus de petits en Afrique. » Il voit dans la confrontation face aux Lions de la Teranga une revanche symbolique, mais avant tout un test de maturité. À ses yeux, la CAN au Maroc devra être celle de la confirmation pour ce groupe, un moment décisif pour inscrire la RDC dans la continuité de ses récents progrès.

Désormais écrivain avec son roman Talo, il prolonge son engagement d’une autre manière, avec la plume pour prolonger ce combat d’identité et de conscience. Pour Mulumbu, le football reste plus qu’un sport, c’est un moyen d’unir un peuple autour d’un même rêve.

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