
Le Cap-Vert aux portes du Mondial : l’épopée des Requins Bleus
Moins de quinze ans après avoir découvert la CAN, le Cap-Vert est à un souffle d’un autre sommet : une première qualification pour la Coupe du monde. Une trajectoire fulgurante, mais loin d’être un miracle.
Une diaspora qui respire le foot
Dans les rues de Lisbonne ou de Paris, les jeunes d’origine capverdienne brillent depuis longtemps. Leur style se résume à une technique fluide et instinctive. Ce flair footballistique a nourri une réputation bien avant que la sélection nationale ne s’impose. Mais pendant des années, ce vivier est resté inexploité. Dans les années 2000, beaucoup de Capverdiens se tournaient vers le Portugal, s’identifiant à des figures comme Nani, né de parents capverdiens. La sélection nationale, quant à elle, peinait à exister et n’attend que l’an 2000 pour décrocher sa première victoire. Toutefois, le manque d’infrastructures, de formation et la faible population freinent l’élan. À la fin des années 2000, quelques binationaux issus des divisions inférieures portugaises et françaises rejoignent l’équipe. Parmi eux, Ryan Mendes, ailier du Havre à l’époque, aujourd’hui capitaine emblématique.
L’ère Antunes : tactique et audace
Le véritable tournant s’opère dans les années 2010. Sous l’impulsion de Lúcio Antunes, la Fédération investit dans les jeunes. Les U21 remportent les Jeux de la Lusophonie en 2009 et Antunes prend les rênes de l’équipe A, un an plus tard. Autour de Mendes, le Cap-Vert se structure avec Djaniny, Júlio Tavares, Odair Fortes, Héldon et Nando. En 2012, ils échouent de peu à la CAN, devancés par le Mali à la différence de buts. Mais en 2013, ils éliminent le Cameroun en barrages et s’offrent la première CAN de leur histoire. En Afrique du Sud, les Requins Bleus ne viennent pas pour apprendre. Après un nul contre le Maroc et un autre contre le pays hôte, ils battent l’Angola et se qualifient pour les quarts, éliminant les Lions de l’Atlas. Leur parcours s’arrête face au Ghana, mais l’essentiel est ailleurs : le Cap-Vert est désormais un acteur continental.
Depuis 2013, le Cap-Vert affine son identité à travers une organisation fédérale solide, une mentalité de challenger et une diaspora mobilisée. Le résultat se résume à quatre CAN disputées et trois qualifications pour le tour à élimination directe. L’effectif mêle expérience et jeunesse : Vozinha (39 ans), Mendes (35 ans) et Garry Rodrigues (34 ans) encadrent les plus jeunes comme Wagner Pina (22 ans), Dailon Livramento (24 ans) et David Costa (21 ans).
De l’échec à l’espoir
Malgré une élimination surprise par le Botswana en qualifications pour la prochaine CAN, les Requins ont redressé la barre en route vers le Mondial 2026. Dans un groupe relevé avec l’Angola et le Cameroun, ils sont en tête à deux journées de la fin. Il leur reste à négocier un déplacement en Libye avant de conclure face à l’Eswatini, dernier du groupe. Cette potentielle qualification ne serait pas un hasard, mais l’aboutissement d’un projet. Elle pourrait attirer de nouveaux binationaux et surtout, générer les fonds nécessaires pour développer la formation locale.